Handicap & photos d’identité
C’est bientôt la rentrée, et par là-même la fin des vacances… pour les parents dont l’enfant atteint du syndrome de Rett a pu passer l’étape des photos d’identité, étape qui se révèle être pour beaucoup un véritable parcours du combattant ; pour d’autres, un motif d’abandon.
L’AFSR tente de faire le point sur l’épineuse question des photos d’identité pour les personnes atteintes de handicap lourd.
Législation
En France, les règles concernant les photos d’identité dites officielles sont strictes, qui plus est depuis l’introduction des technologies de biométrie.
Pour qu’une photo soit jugée valide, il faut en effet qu’elle soit conforme à la norme ISO prise en 2005 en application du règlement européen n° 2252/2004 du 13 décembre 2004, norme qui a élevé le niveau d’exigence concernant la qualité des photographies réalisées dans le cadre de l’obtention des titres d’identité et de voyage.
De plus, pour qu’une photo réponde à cette norme, il faut qu’elle soit prise par un photographe professionnel ou un photomaton.
Nous vous invitons à cliquer sur le bouton ci-dessous pour plus d’informations. Il s’agit de la question n°63316 à l’Assemblée Nationale où figurent une demande d’assouplissement de la procédure d’obtention d’une photo d’identité valide, demande déposée par Frédéric Reiss en novembre 2009, ainsi que la réponse qui lui est accordée.
Vous pouvez consulter ce document en cliquant ici.
Quelques conseils
Il est pour le moment très difficile de trouver des alternatives au photographe professionnel/photomaton.
Il semble cependant que dans certains cas l’administration française peut accepter de valider une photo d’identité prise par un proche d’une personne atteinte d’un lourd handicap.
En effet, il semble possible dans certains cas pour un particulier de prendre lui-même une photo de la personne handicapée dont il a la responsabilité, à condition :
- que la photo respecte certains standards qualitatifs (éclairage, visibilité…)
- qu’elle fournisse à l’administration des documents accompagnant celle-ci
Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter l’article « Comment faire les photos d’identité d’un enfant porteur de handicap » posté le 19 mars 2019 sur le site www.bloomeveil.com
Le témoignage de Margo Debaty, maman d’Anna
La vie ordinaire d’une personne handicapée n’est pas toujours un fleuve tranquille.
La question d’accessibilité se pose souvent et il ne s’agit pas uniquement de trottoirs et de places de stationnement. Très vite une situation banale peut évoluer en cauchemar. Les choix de tous les jours se font par rapport au critère faisable /impossible et il y a bien des choses qu’on doit oublier à jamais.
Pour voyager, par exemple, un citoyen a besoin d’une carte d’identité à jour ou bien d’un passeport doté d’une photo d’identité respectant des normes strictes. Et si la personne invalide ne peut pas respecter ces normes ? Et bien, tant pis pour elle, la demande du passeport sera refusée par la préfecture car ces normes ne sont pas négociables.
Alors qu’Anna n’arrive pas à tenir la tête droite et contrôler ses mouvements… Elle ne peut pas fixer l’objectif ni rester immobile pendants la prise de la photo. Elle est vite agacée car elle ne peut pas comprendre ce qu’on attend d’elle. Bref, obtenir une photo normalisée est une mission impossible… Mais Anna a besoin de son passeport donc nous y avons cru et avons persisté…
Il y a eu plusieurs essais faits par son frère puis en ville, dans un studio photo, sans parler des rendez-vous interminables à la mairie pour constituer le dossier, prendre les empreintes des doigts (encore un truc pas réaliste) puis recommencer…
À savoir que chaque nouvelle demande nécessite la présence de l’intéressé et une nouvelle prise des empreintes… pas facile à organiser ces rendez-vous en présence des deux parents.
Je suis très en colère lorsque j’écris ces mots et je pense fortement à d’autres personnes comme Anna et leurs familles qui se trouvent devant un mur d’incompréhension, qui se trouvent humiliées avec leur enfant handicapé car il ne rentre pas dans les cases, qui s’épuisent dans les couloirs des administrations et perdent leur précieuse énergie, tellement indispensable pour s’occuper de la personne invalide.
Alors il y a des familles qui renoncent, ne demandent rien et restent isolées. Pour elles la question d’accessibilité se résume à la place qu’elles osent prendre au quotidien.
Une toute petite place pour toujours.